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Le véritable coût économique d’une confiance brisée

Dans le nouvel épisode du balado L’économie du Canada expliquée, l’animatrice Marwa Abdou revient sur la première conférence de recherche du Laboratoire de données sur les entreprises, intitulée Le Canada en perspective.

10 juin 2025

Vous savez qu’il y a quelque chose qui cloche lorsque même les experts en données tirent la sonnette d’alarme.

Dans le nouvel épisode du balado L’économie du Canada expliquée, l’animatrice Marwa Abdou revient sur la première conférence de recherche du Laboratoire de données sur les entreprises, intitulée Le Canada en perspective. Le message qui est ressorti des tables rondes et des présentations plénières est le suivant : Le Canada traverse une crise de confiance — et elle mine déjà notre économie.

Anil Arora, ancien statisticien en chef à Statistique Canada, ainsi que des économistes et des experts commerciaux de renom, tous les intervenants à la conférence ont insisté sur un point essentiel : la confiance n’est pas un concept « abstrait ». Elle est le pilier même de la performance économique.

« Des données fiables […] constituent un investissement dans la confiance », a déclaré M. Arora. « Elles ébranlent les démocraties. Elles bouleversent notre bien-être social et économique. »

Elles vont au-delà de la théorie. Le Baromètre de confiance Edelman 2025 révèle que 62 % des Canadiens déclarent aujourd’hui ressentir un sentiment de mécontentement modéré à élevé. La confiance dans les institutions, c’est-à-dire les gouvernements, les médias, et même les entreprises, a atteint un niveau historiquement bas. Cette instabilité sociale se répercute sur les décisions économiques, sapant ainsi les investissements, la croissance et l’innovation.

Voici trois points à retenir de cet épisode :

  • La confiance stimule la productivité. Les économies où la confiance est plus forte affichent un PIB par habitant plus élevé.
  • La réglementation excessive nous freine. Au Canada, la charge réglementaire a augmenté de 2 % par an entre 2006 et 2021, amputant notre PIB de près de 2 %.
  • Les données sont synonymes de pouvoir. Sans données fiables et disponibles au bon moment, les décideurs politiques canadiens agissent à l’aveuglette, et nos concurrents sont mieux informés que nous.

Ce balado ne se contente pas de chercher un coupable. Il analyse en profondeur comment cette situation s’est produite et ce que nous pouvons faire pour y remédier.deep into how this happened — and what we can do about it.

Ce que nous avons entendu des experts

L’économiste Stephen Tapp a expliqué comment l’alourdissement du fardeau réglementaire a eu des conséquences tangibles.

« Le nombre d’exigences réglementaires a augmenté de 37 % en 15 ans », explique-t-il. « Cette situation a entraîné une baisse dans les deux chiffres des investissements des entreprises. »

L’analyse de M. Tapp démontre comment une réglementation désuète ou excessive freine la création d’entreprises et nuit à la compétitivité. Les règles doivent être plus simples, plus rapides et davantage axées sur l’aide aux entrepreneurs, plutôt que de les ensevelir sous la paperasserie.

La professeure Meredith Lilly a apporté des précisions quant aux relations économiques du Canada avec les États-Unis, en comparant notre réponse aux tensions commerciales avec l’approche plus modérée du Mexique.

« Les Canadiens aiment « tenir tête à Trump », a-t-elle déclaré. « Mais cela n’a pas servi nos intérêts nationaux. Le Mexique est resté calme et bénéficie désormais d’un plus grand pouvoir de négociation. »

Ses commentaires ont mis en lumière la façon dont le discours politique peut soit apaiser les tensions, soit les attiser. La diplomatie émotionnelle du Canada peut bien fonctionner chez nous, mais elle ne donne pas toujours les résultats escomptés à l’étranger.

Prenons ensuite l’exemple mis de l’avant par M. Chad Bown, chercheur principal au Peterson Institute for International Economics. Il a expliqué les rouages complexes des tarifs douaniers et la façon dont les États-Unis les utilisent, souvent de manière incohérente, pour faire pression sur le Canada.

« On ne peut pas utiliser les tarifs douaniers à la fois pour générer des revenus, punir et relocaliser », a-t-il déclaré. « Ces objectifs sont contradictoires. »

Son avis? Semer la confusion pourrait en fait être une stratégie délibérée des États-Unis. Si le Canada ne définit pas clairement sa position commerciale, il risque de se faire prendre au piège, encore une fois.

Le Canada a besoin d’une politique plus transparente et responsable, pas seulement de mesures réactives. Comme l’explique Andrew DiCapua, les gens ressentent encore les effets de l’inflation.

« Je n’arrive pas à joindre les deux bouts », dit-il, exprimant ainsi le sentiment de nombreux Canadiens. « Nous sommes allés trop loin avec les prix, et maintenant, il y a un sentiment persistant de méfiance envers la Banque du Canada. »

La vraie solution? Renforcer les bases de la confiance, en commençant par les données.

M. Arora a présenté les cinq piliers sur lesquels Statistique Canada s’est appuyée pour moderniser ses systèmes, depuis la conception axée sur l’utilisateur jusqu’aux partenariats collaboratifs, comme le Laboratoire de données sur les entreprises.

« La confiance et les données vont de pair, » a-t-il déclaré. « Elles sont indissociables. »

ISi les institutions veulent regagner la confiance du public, elles doivent améliorer la collecte des données, les partager clairement et les utiliser pour prendre des décisions plus éclairées. Ce sont ces facteurs qui poussent les chefs d’entreprise à investir, les familles à dépenser et les collectivités à se développer.

Quelles sont les prochaines étapes?

Après avoir écouté cet épisode, vous comprendrez mieux pourquoi la crise de la confiance au Canada n’est pas seulement un enjeu politique. C’est aussi un enjeu économique. Vous entendrez des chiffres précis, des exemples concrets et des recommandations judicieuses de la part des plus grands experts du pays.

Si vous dirigez une entreprise ou travaillez dans le domaine de la politique, ce balado vous incitera à passer à l’action. Posez de meilleures questions. Exigez de meilleures données. Demandez des comptes à vos institutions.

La confiance ne se rétablit pas du jour au lendemain, mais comme nous le rappelle Anil Arora, elle débute par une prise d’engagement.

« Investir dans les données, c’est investir dans notre avenir. » Écoutez l’épisode complet de L’économie du Canada expliquée sur le site Web du Laboratoire de données sur les entreprises :

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