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Enjeux politiques : Renforcer le secteur canadien de l’agriculture et de l’agroalimentaire

Enjeux politiques : Renforcer le secteur canadien de l’agriculture et de l’agroalimentaire

Toute vision stratégique élaborée par le Canada pour le secteur agroalimentaire doit faciliter l’accès aux marchés mondiaux en expansion, en nous positionnant comme la solution à la demande mondiale urgente de denrées alimentaires.

Jamais, dans l’histoire récente, l’insécurité et l’inflation alimentaires n’ont revêtu autant d’importance pour les gouvernements dans le monde entier. Au cours des 40 prochaines années, le monde devra produire l’équivalent de toute la nourriture produite au cours des 10 000 dernières années.

Le secteur agricole et agroalimentaire canadien a le potentiel de répondre à lui seul à cette demande, moyennant un investissement adéquat. Nous sommes l’un des rares pays dont l’industrie est orientée vers l’exportation, vendant plus de 70 % de nos cultures comme le soja, le blé, le canola et les légumineuses à d’autres pays.

Toute vision stratégique élaborée par le Canada pour le secteur agroalimentaire doit faciliter l’accès aux marchés mondiaux en expansion, en nous positionnant comme la solution à la demande mondiale urgente de denrées alimentaires, tout en nous permettant d’atteindre nos objectifs ambitieux d’augmentation des ventes intérieures et à l’exportation d’ici à 2025.

En plus de contribuer à sa prospérité économique, le Canada peut se servir de son secteur agroalimentaire pour accroître son influence mondiale à un moment où l’ordre mondial tel que nous l’après-Seconde Guerre mondiale connaît de profonds bouleversements. Car, malgré les changements drastiques survenus au cours des dernières années, le monde aura toujours besoin de nourriture.

Les défis et les possibilités du secteur agricole et agroalimentaire canadien

Le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire est un moteur économique qui fournit environ 2,3 millions d’emplois et contribue à hauteur de 143,8 milliards de dollars (7,4 %) au PIB du Canada, et le maintien de sa compétitivité et de sa durabilité est essentiel pour assurer un avenir prospère aux générations futures.

Il faudra peut-être relever des défis importants avant que nous puissions tirer pleinement parti de cette formidable opportunité économique, mais avec les investissements et les soutiens gouvernementaux adéquats, nous serons en mesure de développer et d’amplifier le secteur, tant au niveau national qu’international.

Infrastructure

La croissance du secteur agricole et agroalimentaire repose sur une infrastructure physique et numérique fiable.

Infrastructure physique

La croissance de l’industrie agricole et agroalimentaire canadienne dépend en grande partie de notre capacité à transporter les marchandises de manière efficace et fiable vers les marchés internationaux. Malheureusement, comme l’ont montré les événements de 2023, notre infrastructure commerciale est vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes et aux interruptions de travail.

Le défi de l’infrastructure nous oblige à être particulièrement prévoyants et à investir dans des infrastructures commerciales et de transport utiles, stratégiques et durables à long terme. L’augmentation de la capacité des ponts pour réduire la congestion dans les zones à forte circulation contribuera à alléger la pression. Tout comme les politiques gouvernementales qui atténuent les conséquences négatives des interruptions de travail dans les ports.

Selon une récente analyse de données réalisée par les Études économiques de la Banque Scotia, « le Canada perd plus d’heures de travail à cause des grévistes qu’il n’en a perdu à tout moment pendant les restrictions imposées par la pandémie. » Les travailleurs de remplacement permettent aux entreprises de secteurs comme ceux du camionnage, du transport ferroviaire, des ports, des télécommunications et de l’aviation de maintenir un « niveau de service minimum » qui préserve les chaînes d’approvisionnement et les services essentiels pour les Canadiens, y compris les livraisons d’engrais qui soutiennent notre approvisionnement alimentaire, et celui d’autres pays. La loi anti-travailleurs de remplacement envisagée par le gouvernement encouragera la grève plutôt que la négociation collective. En fait, une étude de l’Institut C.D. Howe a constaté que la législation contre les travailleurs de remplacement augmente la fréquence et la durée des grèves et réduit même les salaires horaires.

Infrastructure numérique

En ce qui concerne le numérique, le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire a investi dans des solutions pour répondre à la demande des consommateurs et rendre les chaînes d’approvisionnement plus efficaces, ce qui a pour avantage supplémentaire de réduire les coûts d’exploitation et d’améliorer la durabilité et l’empreinte environnementale du secteur. Cependant, les systèmes de transport peu fiables et le manque de transparence de la chaîne d’approvisionnement posent des problèmes, ce qui rend la numérisation de bout en bout du réseau de transport national du Canada plus importante que jamais. Les investissements du gouvernement dans l’infrastructure numérique permettront de partager des données en temps réel dans tous les aspects de la chaîne d’approvisionnement et d’accroître la visibilité afin de prévenir les problèmes de fiabilité.

Recommandations en matière de politiques

  • S’engager à investir à long terme par le biais d’un plan d’infrastructure commerciale du Canada. Le Canada doit construire et entretenir des infrastructures commerciales qui assurent un transport fiable et efficace des marchandises vers et depuis le marché.
  • Abandonner la législation anti-travailleur de remplacement. Toute action visant à accroître la volatilité et à perturber les processus de la chaîne d’approvisionnement ne fera qu’augmenter les coûts pour les Canadiens et les entreprises, et compromettra davantage nos relations commerciales.
  • S’attaquer aux goulets d’étranglement en matière de transport et aux vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement en coordonnant les investissements stratégiques et soutenus dans les infrastructures propices au commerce, ainsi que dans les processus numériques pour optimiser la livraison, en particulier pour les communautés rurales et éloignées.

Commercialisation

Le Canada est le cinquième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. Trop souvent, le Canada expédie ses produits agricoles non modifiés à l’étranger pour qu’ils soient transformés par un autre pays avant d’être revendus au Canada sous la forme d’un nouveau bien. En développant nos capacités nationales de transformation et de fabrication, nous pouvons fabriquer ces produits à valeur ajoutée au Canada et les vendre à l’échelle mondiale à un prix plus élevé que celui de nos produits bruts, ce qui se traduit par une augmentation du nombre d’emplois et de l’activité économique.

Recommandations en matière de politiques

  • Renforcer l’investissement en agriculture. Établir des partenariats avec les entreprises pour la recherche, le développement de produits et la commercialisation du secteur agroalimentaire, tout en élaborant des mécanismes politiques et des mesures de soutien pour inciter le secteur privé à investir dans la recherche et le développement.
  • Encourager la transformation agricole à valeur ajoutée. L’augmentation des investissements dans la transformation des produits agricoles aiderait le Canada à répondre à la demande alimentaire mondiale, tout en favorisant l’activité économique à valeur ajoutée dans les produits de base destinés à l’exportation.
  • Reconnaître l’agriculture et l’agroalimentaire comme un secteur clé de la croissance économique et adopter une approche pangouvernementale pour mettre en œuvre des politiques qui favorisent la croissance à long terme de l’industrie.

Innovation et productivité

L’innovation, c’est-à-dire l’amélioration significative d’un produit, d’un système ou d’un processus, et les nouvelles technologies sont nécessaires pour maintenir ou accroître la productivité du secteur agricole et agroalimentaire canadien. Cependant, comme beaucoup d’autres industries au Canada, le secteur est confronté à des pénuries de main-d’œuvre constantes et chroniques. Les entreprises sont obligées de repenser leurs opérations et d’envisager des méthodes moins exigeantes en termes de main-d’œuvre, comme l’automatisation et la robotique. En revanche, ces technologies de pointe nécessitent des compétences spécialisées lorsque vient le temps de les réparer et de les faire fonctionner, ainsi qu’un accès à l’Internet à large bande, deux éléments qui peuvent constituer un obstacle, en particulier dans les régions rurales éloignées.

Malgré ces défis, le secteur utilise déjà des techniques et des technologies innovantes pour améliorer la productivité, la résistance aux maladies et les récoltes :

La poursuite du développement et de l’application de ces innovations, parmi d’autres, permettra aux producteurs canadiens de bénéficier d’un avantage concurrentiel.

Recommandations en matière de politiques

Mettre en place des changements de politiques qui encouragent l’investissement du secteur privé en ciblant la recherche et le développement et qui favorisent la collaboration entre le secteur agroalimentaire et les programmes publics d’innovation au Canada transformera notre capacité à créer et à conserver des innovations susceptibles d’accroître la compétitivité du secteur agricole.

  • Donner la priorité à l’attribution du spectre par des mesures comme l’augmentation de la quantité de spectre disponible et l’octroi de subventions au déploiement en milieu rural. Pour que les entreprises canadiennes restent compétitives à l’échelle mondiale, elles doivent pouvoir accéder aux services sans fil, utiliser la puissance de l’Internet des objets (IdO) et de l’intelligence artificielle, et bénéficier du déploiement des réseaux 5G.
  • Élaborer des mécanismes, des politiques et un soutien pour inciter le secteur privé à investir dans la recherche et le développement qui augmenteront la résilience à court terme et la compétitivité à long terme.
  • Stimuler les investissements dans les technologies destinées à réduire la main-d’œuvre afin de remédier à la pénurie croissante dans le secteur agroalimentaire.

Réglementation

Bien qu’une table de stratégie économique sur l’agroalimentaire de 2018 ait plaidé en faveur d’un régime réglementaire agile, robuste, flexible et fondé sur des données probantes afin d’alléger les formalités administratives, le problème reste entier. Un système réglementaire qui s’appuie sur les réalités économiques et sur des données et des preuves qui donnent la priorité à la santé, à la sécurité et à la durabilité améliorera grandement notre capacité à amener les cultures là où elles doivent aller – au niveau national et international. Une autre étape importante consisterait à s’assurer que les régulateurs prennent en compte l’impact sur les entreprises, l’innovation et la croissance lorsqu’ils élaborent de nouvelles règles et de nouveaux systèmes.

Recommandations en matière de politiques

  • Ajouter un mandat économique et de compétitivité pour les régulateurs. Un mandat économique pour les régulateurs encouragerait des règlements gérables qui soutiennent la croissance économique et prennent en compte notre compétitivité sur le marché mondial.
  • Veiller à l’alignement de la réglementation. Le gouvernement doit chercher à alléger le fardeau réglementaire qui pèse sur les entreprises canadiennes et collaborer avec l’industrie et nos partenaires commerciaux internationaux pour veiller à l’efficacité et à l’alignement de la réglementation.
  • Moderniser le régime réglementaire du Canada en s’engageant à mettre en place une réglementation fondée sur des preuves et des données et en appliquant une optique économique à tous les mandats réglementaires.

L’avenir du secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire

Le moment est peut-être venu pour le Canada d’exploiter pleinement le potentiel économique de son secteur agricole et agroalimentaire et de subvenir aux besoins des générations futures de Canadiens ainsi que de ses partenaires internationaux.

Pour y parvenir, le secteur a besoin d’une aide qui ne peut venir que du gouvernement qui collabore avec le secteur privé pour trouver des solutions permettant de relever les défis auxquels l’industrie est confrontée aujourd’hui. Des solutions qui adoptent une approche holistique de la mise en œuvre des politiques en incluant les entreprises agricoles et agroalimentaires dans les consultations et les programmes économiques et environnementaux.

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