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Plan de réduction des émissions pour 2030 : Plus de questions que de réponses, selon la Chambre de commerce du Canada

Plan de réduction des émissions pour 2030 : Plus de questions que de réponses, selon la Chambre de commerce du Canada

(OTTAWA) – Le 30 mars 2022 – Le directeur principal des ressources naturelles, de l’environnement et du développement durable de la...

(OTTAWA) – Le 30 mars 2022 – Le directeur principal des ressources naturelles, de l’environnement et du développement durable de la Chambre de commerce du Canada, David Billedeau, a émis la déclaration suivante aujourd’hui en réaction à la publication du nouveau plan de réduction des émissions du gouvernement.

« La Chambre de commerce du Canada accueille favorablement le Plan de réduction des émissions (PRE) pour 2030 du gouvernement du Canada, qui vise à conjuguer le développement économique durable du Canada et son engagement à atteindre l’objectif de la carboneutralité d’ici 2050.

Les objectifs de 2030 sont ambitieux et agressifs, ce qui reflète l’urgence de la crise climatique et la nécessité pour le gouvernement, les entreprises et les Canadiens de travailler de pair pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Bien que les objectifs de 2030 orientent le Canada vers la réalisation de son objectif de 2050, nous avons besoin d’un plan tout aussi ambitieux et détaillé dans lequel chaque entreprise et chaque Canadien comprendra son rôle, le coût de la carboneutralité et les moyens à leur disposition pour réussir.

Depuis 2005, le Canada n’a réussi qu’à réduire ses émissions globales de gaz à effet de serre de 739 à 730 mégatonnes d’équivalent de dioxyde de carbone. Pourtant, entre 2023 et 2030, le gouvernement du Canada vise à réduire les émissions de 287 mégatonnes d’équivalent de dioxyde de carbone. Une telle ambition doit s’accompagner d’un financement, d’un programme et d’un soutien politique solides.

Soyons clairs, Environnement et Changement climatique Canada fait preuve d’un grand leadership en définissant la voie à suivre pour atteindre la carboneutralité. Nous soutenons les nouveaux engagements visant à accroître l’énergie renouvelable, à moderniser les réseaux de distribution et à déployer les technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC).

Cependant, le PRE pour 2030 nous amène plus de questions que de réponses. La Chambre est perplexe quant à la faisabilité et aux détails limités de plusieurs éléments du PRE. Par-dessus tout, nous craignons que l’approche du gouvernement du Canada, si elle n’est pas rapidement accompagnée de plans détaillés et d’un budget fédéral qui reflète le niveau d’investissement requis, n’entrave les avancées vers l’atteinte des objectifs d’émissions.

Si le Canada souhaite atteindre ses objectifs de réduction des émissions et réaliser une transition harmonieuse vers la carboneutralité d’ici 2050, le milieu des affaires a besoin de clarté sur plusieurs points. Mentionnons notamment les plafonds d’émissions, les marchés de compensation, le développement des compétences, le soutien aux technologies de pointe, l’approvisionnement en énergie, l’électrification, les crédits d’impôt sur les intrants du CUSC et les mécanismes d’ajustement à la frontière du carbone.

Afin d’améliorer le PRE, nous invitons le gouvernement du Canada à considérer les questions suivantes :

Quand le Canada élaborera-t-il un plan de développement durable de ses minéraux critiques?
Selon l’Agence internationale de l’énergie, un véhicule électrique moyen peut nécessiter six fois plus de ces minéraux qu’une voiture conventionnelle. Des matériaux comme le nickel, le cobalt et le lithium ne sont généralement pas nécessaires pour un véhicule conventionnel. Autre exemple, les centrales éoliennes nécessitent jusqu’à neuf fois plus de ressources minérales qu’une centrale au gaz. Bref, la transition vers un avenir carboneutre dépend de la disponibilité des minéraux critiques. Alors que les provinces répondent présentes en élaborant des stratégies de développement de leurs ressources naturelles, y compris les minéraux critiques, le leadership d’Ottawa manque toujours à l’appel. 

Quand le Canada prendra-t-il au sérieux les déficits d’infrastructure qui vont à l’encontre des mandats proposés pour les véhicules zéro émission (VZE)?
Le Canada accuse un retard par rapport aux autres pays du monde en ce qui concerne l’infrastructure de recharge des véhicules zéro émission. Selon les lignes directrices internationales et les recherches de l’industrie, le Canada aura besoin de près de quatre millions de bornes de recharge de véhicules électriques (VÉ) d’ici 2050 pour soutenir l’adoption par les consommateurs. À titre d’exemple, le Canada dispose actuellement d’environ 15 000 chargeurs publics ou semi-privés, alors que le PRE prévoit le financement de 50 000 nouvelles stations de recharge pour VÉ. Le plan canadien de déploiement de stations de ravitaillement en hydrogène est tout aussi limité. Le déséquilibre actuel entre les mandats relatifs aux VZÉ (qui exigent que 100 % des ventes d’automobiles soient des VZÉ d’ici 2035) et l’infrastructure de soutien finira par nuire à l’adoption des VZÉ par les consommateurs, à l’accès aux nouveaux véhicules et à la capacité du Canada d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions. Le Canada devrait concentrer ses efforts sur la réglementation des émissions des véhicules (plutôt que sur les ventes), sur le déploiement d’une infrastructure propice avant la réalisation des mandats, et sur la priorité accordée aux programmes d’incitation pour les parcs de véhicules et les conducteurs de véhicules de covoiturage afin qu’ils passent aux VZÉ.

Le secteur canadien du transport commercial a besoin d’un plan pour les véhicules à hydrogène, pourquoi ne s’en est-il pas doté à ce jour?
Le gouvernement du Canada exige également que 35 % des ventes de véhicules moyens et lourds soient des VZÉ d’ici 2030. Les véhicules industriels lourds de demain utiliseront en grande partie la technologie des piles à combustible à l’hydrogène. Toutefois, le Canada dispose de très peu de stations de ravitaillement en hydrogène pour soutenir la transition industrielle vers les VZÉ moyens et lourds. Le plan pour 2030 devrait soutenir davantage les investissements à risque réduit dans les technologies nouvelles et les infrastructures habilitantes qui sont essentielles à la décarbonisation, comme les réseaux de distribution d’hydrogène.

Le Canada va-t-il tirer parti de son secteur énergétique pour soutenir la décarbonisation mondiale?
Le conflit en cours en Europe a renforcé la nécessité d’un leadership canadien pour maintenir la sécurité énergétique internationale. En même temps, les produits énergétiques et les technologies propres innovatrices du Canada offrent une excellente occasion de remplacer les options à forte intensité de carbone sur les marchés internationaux. À cette fin, le Canada devrait déployer une stratégie de carboneutralité qui vise à développer durablement son secteur énergétique et à maximiser les efforts de décarbonisation à l’échelle mondiale, plutôt que de continuer à se concentrer sur les réductions nationales.

Le Canada compte-t-il investir et devenir un leader mondial dans le domaine de l’énergie nucléaire?
En Europe, les organismes de réglementation ont récemment proposé d’inclure l’énergie nucléaire et le gaz naturel dans un ensemble de sources d’énergie privilégiées, aux côtés des énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire, afin de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement du Canada semble adopter une direction différente. Le cadre des obligations vertes du Canada exclut l’énergie nucléaire du financement vert et le plan stratégique d’investissement pour 2030 ne prévoit pas de stratégie convaincante pour accroître la production d’énergie nucléaire à l’aide des toutes dernières technologies. Le nucléaire est essentiel aux efforts de décarbonisation du Canada et le gouvernement fédéral devrait fournir un soutien plus direct pour compenser les coûts d’investissement importants liés à la production d’énergie nucléaire. Cette initiative serait conforme au récent protocole d’entente entre les gouvernements de l’Alberta, du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario et de la Saskatchewan, qui décrit leur plan pour fournir une énergie sûre, fiable et sans émissions pour faire tourner notre économie. 

Le Canada a un impératif scientifique et économique lié à la décarbonisation. La manière dont nous y parviendrons est importante pour nous assurer que la voie choisie par le Canada pour atteindre la carboneutralité est compétitive, qu’elle favorise les investissements, qu’elle crée des emplois pour les Canadiens et qu’elle tire parti des forces régionales.

Bien que le Plan de réduction des émissions pour 2030 fournisse un cadre de référence initial sur la façon dont le Canada progressera vers la carboneutralité, notre communauté d’affaires attend toujours qu’Ottawa élabore un plan solide qui soutienne les Canadiens dans chaque région du pays.

La collaboration entre les secteurs public et privé est essentielle pour garantir que la main-d’œuvre canadienne est équipée pour réussir, que les technologies propres sont déployées et que nos ambitions économiques et environnementales collectives deviennent réalité.

À l’avenir, la Chambre travaillera avec ses membres et profitera de l’expertise de son Conseil pour la carboneutralité, qui réunit des chefs d’entreprise de tout le Canada, pour fournir au gouvernement du Canada une analyse approfondie et des recommandations concrètes afin d’améliorer le plan de réduction des émissions pour 2030 du Canada et la transition globale vers la carboneutralité d’ici 2050. »

À propos de la Chambre de commerce du Canada — L’avenir de la réussite en affaires

La Chambre de commerce du Canada est le réseau d’affaires le plus important et le plus dynamique du Canada. Elle représente 450 chambres de commerce et plus de 200 000 entreprises de toutes tailles, de tous les secteurs de l’économie et de toutes les régions du pays pour créer les conditions de notre réussite collective. La Chambre de commerce du Canada est l’ambassadeur incontesté et le catalyseur de l’avenir de la réussite en affaires. Qu’il s’agisse de travailler avec le gouvernement sur des politiques favorables à l’économie ou de fournir des services qui façonnent le commerce et facilitent les échanges, nous donnons à nos membres plus de ce dont ils ont besoin pour réussir : des informations sur les marchés, les concurrents et les tendances, une influence sur les décisions et les politiques qui favorisent la réussite en affaires et l’impact sur les performances commerciales et économiques.

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Responsable

Philippe Taylor

Chambre de commerce du Canada

Courriel : ptaylor@chamber.ca (pour une réponse rapide)

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