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Lettre au ministre Lawrence MacAulay sur l’amélioration du secteur agroalimentaire canadien

Lettre au ministre Lawrence MacAulay sur l’amélioration du secteur agroalimentaire canadien

La sécurité alimentaire étant une préoccupation majeure pour les gouvernements du monde entier, le secteur agroalimentaire canadien est aujourd’hui plus prometteur que jamais. Si nous n’agissons pas maintenant, l’occasion nous glissera entre les doigts.

Le 15 juillet 2024, la Chambre de commerce du Canada a envoyé une lettre à l’honorable Lawrence MacAulay, ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, abordant les considérations clés avant la réunion des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l’agriculture.

La lettre met en lumière le rôle vital du secteur agroalimentaire dans l’économie et l’environnement du Canada et appelle à des mesures audacieuses pour libérer son plein potentiel. Nous avons souligné la nécessité de moderniser la réglementation, d’augmenter les investissements en R&D et de soutenir davantage l’agriculture intelligente face au climat pour améliorer la compétitivité et la sécurité alimentaire.

Lisez la lettre dans son intégralité ci-dessous.


Envoyé le: 15 juillet 2024

L’honorable Lawrence MacAulay
Ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire
Chambre des communes
Ottawa (Ontario)
Canada K1A 0A6

Objet : Réflexions en vue de la réunion des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l’agriculture

Monsieur le Ministre,

Vous le savez, l’agroalimentaire compte parmi les secteurs économiques les plus importants du Canada. L’année dernière, l’agroalimentaire a contribué à hauteur de 150 milliards de dollars au PIB national et représentait un emploi sur neuf au Canada. La croissance rapide de la population mondiale et de la classe moyenne continuera à soutenir les exportations agroalimentaires, qui figurent déjà au cinquième rang mondial. Dotés d’une abondance de terres, de carburant et d’engrais, nous avons une occasion unique d’accroître notre part du marché agroalimentaire mondial, de générer de la croissance économique et de renforcer notre influence sur la scène internationale.

Le secteur agroalimentaire est également indispensable à la réalisation de nos ambitieux objectifs environnementaux. Depuis des dizaines d’années, les producteurs alimentaires sont les premiers à lutter contre le changement climatique en adoptant volontairement des pratiques de gestion bénéfiques et en étant les fers de lance du développement des technologies de capture du carbone. Le secteur agroalimentaire canadien est aujourd’hui l’un des plus durables au monde, un exploit réalisé parallèlement à une augmentation substantielle de la productivité.

Cependant, le secteur est également confronté à de nombreux défis pressants. Les phénomènes météorologiques extrêmes, les conflits géopolitiques et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement continuent d’exercer une pression sur nos systèmes alimentaires, remettant en jeu notre capacité à répondre à la demande d’une population canadienne et mondiale en pleine croissance. L’alourdissement du fardeau réglementaire et la multiplication des taxes exacerbent les effets de ces défis.

Face à l’évolution du paysage mondial, le Canada doit traiter son secteur agroalimentaire comme un atout stratégique. Les filières alimentaires du monde entier, y compris celle du Canada, sont confrontées au défi colossal de produire, au cours des 40 prochaines années, autant de denrées alimentaires qu’au cours des 10 000 dernières années, tout en limitant encore davantage les incidences sur l’environnement. Le Canada, qui est l’un des rares exportateurs nets de denrées alimentaires, a la capacité de répondre à la demande mondiale croissante. Nous devons également faire figure de référence auprès de nos alliés qui cherchent à réorienter leurs chaînes d’approvisionnement en abandonnant les pays non démocratiques, en particulier pour les produits essentiels comme les denrées alimentaires.

Notre problème le plus urgent est de faire en sorte que notre système réglementaire facilite les investissements et l’innovation au lieu de leur faire obstacle. Pour y arriver, nos ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l’agriculture doivent jouer un rôle actif et de premier plan au sein de ce système réglementaire. Le groupe de travail FPT sur la gestion des pesticides est un exemple de leadership bien coordonné et qui mérite d’être reconduit. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Malgré le fait que la Table sectorielle de stratégie économique sur l’agroalimentaire de 2018 fasse état du fardeau réglementaire comme d’un obstacle majeur à la croissance, cette problématique n’est pas encore résolue. Les réglementations proposées sur les plastiques et les pesticides, actuellement en cours d’élaboration, pourraient non seulement nuire à notre compétitivité, mais aussi aggraver la sécurité alimentaire au Canada en augmentant le coût des denrées alimentaires, sans aucun avantage pour l’environnement ou la santé humaine. Les récents amendements à la Loi sur la concurrence concernant l’« écoblanchiment » pourraient également risquer de ralentir les efforts de réduction des émissions agricoles et devraient donc être abrogés. Le gouvernement devrait privilégier la modernisation de sa réglementation et prévoir des outils qui obligent les régulateurs à effectuer des analyses fondées sur des données des incidences économiques potentielles d’une réglementation. Des progrès plus palpables sont également nécessaires en ce qui concerne les engagements antérieurs visant à réduire les obstacles au commerce interprovincial dans le secteur agroalimentaire.

Pour renforcer la compétitivité du secteur agroalimentaire, nous devons également augmenter nos investissements nationaux dans la R-D et encourager une meilleure collaboration entre le secteur agroalimentaire et les programmes publics d’innovation. En 2021, les dépenses de R-D représentaient à peine 1,7 % de notre PIB, alors que la moyenne du G7 est de 2,6 % et celle de l’OCDE de 3 %. Depuis sa création en 2017, seulement 1,3 % des financements du Fonds stratégique d’innovation, le programme phare du gouvernement pour soutenir les projets industriels innovants, sont allés au secteur agroalimentaire, ce qui le rend nettement sous-représenté par rapport à son poids économique. Remédier à ces lacunes pourrait faciliter la commercialisation de produits agroalimentaires innovants à valeur ajoutée, et ainsi soutenir le développement économique national, accroître notre compétitivité sur les marchés internationaux et contribuer à la réalisation de nos objectifs de durabilité. Les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l’agriculture doivent également jouer un rôle de premier plan dans la résolution de ces problèmes.

Enfin, il est nécessaire d’encourager des investissements plus importants dans l’agriculture intelligente face au climat, où nous accusons un retard par rapport à d’autres pays, notamment les États-Unis, l’Australie et l’Union européenne. Le Congrès américain étudie actuellement un projet de loi sur l’agriculture d’un montant de 1 500 milliards de dollars, qui pourrait encore creuser l’écart avec notre principal partenaire commercial. Ces technologies sont indispensables pour réaliser des gains de productivité et garantir notre compétitivité, tout en atténuant les incidences sur l’environnement.

La sécurité alimentaire étant une préoccupation majeure pour les gouvernements du monde entier, le secteur agroalimentaire canadien est aujourd’hui plus prometteur que jamais. Nos concurrents ont compris ce potentiel et réalisent des investissements sans précédent. Si nous n’agissons pas maintenant, l’occasion nous glissera entre les doigts. La prochaine réunion avec vos homologues provinciaux et territoriaux est l’occasion de vous engager à prendre des mesures audacieuses et à exploiter tout le potentiel du secteur agroalimentaire canadien.

Cordialement,

Liam MacDonald
Directeur, Politiques et relations gouvernementales
Chambre de commerce du Canada

CC: Lawrence Hanson, Sous-ministre, Agriculture et Agroalimentaire Canada

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