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Enjeux politiques : Investir dans la prochaine génération et dans les nouvelles technologies pour l’avenir de l’industrie minière
Enjeux politiques : Investir dans la prochaine génération et dans les nouvelles technologies pour l’avenir de l’industrie minière
Il est temps d’investir dans l’écosystème de recherche du Canada afin de répondre aux besoins en matière de talents et de technologies de tous les secteurs émergents du pays, en particulier celui des minéraux critiques.
Les minéraux critiques représentent un groupe de 31 minéraux, lesquels, selon le gouvernement du Canada, jouent un rôle indispensable dans les chaînes d’approvisionnement prioritaires et dans la croissance de l’économie verte, laquelle est essentielle. Ces minéraux critiques ont un potentiel économique important, qui peut représenter des milliards de dollars, renforcer l’indépendance énergétique pour le Canada et favoriser la réconciliation avec les communautés autochtones, auxquelles appartiennent une grande partie des territoires sur lesquels plusieurs de ces projets seront mis en œuvre.
En revanche, si le Canada souhaite réaliser son vaste potentiel et devenir un chef de file mondial dans le domaine des minéraux critiques, il doit commencer à investir dans son avenir dès maintenant. Bien que le gouvernement du Canada ait créé une ambitieuse Stratégie sur les minéraux critiques, il n’a pas établi de plan ciblé pour le perfectionnement de talents en recherche de haut niveau dont il a besoin pour réussir. Il est temps d’investir dans l’écosystème de recherche du Canada afin de répondre aux besoins en matière de talents et de technologies de tous les secteurs émergents du pays, en particulier celui des minéraux critiques.
L’importance de la recherche et du perfectionnement
L’investissement dans la recherche et le perfectionnement fait partie intégrante de la formation, de l’attraction et de la rétention des talents.
De même, il est au cœur des innovations qui permettent au Canada d’être un chef de file important sur le marché concurrentiel mondial. Si l’investissement dans la recherche et le perfectionnement est insuffisant, les sociétés et les pays sont confrontés à un recul économique.
Malheureusement, c’est ce qu’on observe au Canada. Au troisième trimestre (T3) de 2023, le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté à un taux de 1,1 % sur une base annualisée (en anglais seulement). Au lieu de l’augmentation de la productivité prévue après la pandémie, la productivité au Canada est retombée au niveau de 2016. Parmi le Groupe des Sept (G7) dont le Canada est membre, cinq pays le dépassent en matière de productivité. Son pourcentage du PIB consacré à la recherche et au perfectionnement est également le plus bas.
Si le Canada souhaite rester économiquement prospère – et il n’y a aucune raison pour qu’il ne le souhaite pas, puisque ses richesses naturelles surpassent les minéraux critiques –, il aura besoin d’un écosystème de recherche et de perfectionnement qui soutient les talents et les technologies qui peuvent répondre aux enjeux urgents et émergents, et qui lui permettent de prendre part aux occasions de croissance économique.
La boucle de rétroaction entre les talents et la technologie
Alors que le Canada connaît une pénurie de main‑d’œuvre dans tous ses secteurs d’activité, la concurrence pour les talents hautement qualifiés est féroce.
Dans l’industrie minière, les principales entreprises canadiennes essaient – et non sans difficulté – de pourvoir des postes qui nécessitent des compétences avancées (comme des postes de chimistes, d’ingénieurs et de géologues), que d’autres industries, comme l’aérospatiale et l’automobile, souhaitent pourvoir également. Un investissement soutenu dans la recherche est donc d’autant plus essentiel, car le nombre de personnes hautement qualifiées est limité.
Mais si le Canada souhaite que les Canadiens et les Canadiennes occupent ces rôles essentiels, il doit renforcer sa capacité de recherche nationale, en recrutant des personnes du monde entier pour créer le meilleur corps professoral qui formera la prochaine génération dans nos universités. C’est exactement ce que font nos concurrents.
Le bien‑être, la prospérité et la compétitivité du Canada à l’échelle mondiale dépendront de plus en plus de notre capacité à soutenir et à habiliter nos brillants talents.
Rapport du Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche.
Pour éviter de prendre plus de retard, le Canada doit financer des occasions propices pour les chercheuses et chercheurs diplômés et postdoctoraux, au moyen de subventions et de bourses scientifiques. Même si les futur(e)s professionnels et professionnelles de l’industrie n’ont qu’un diplôme de premier cycle, ils ont quand même réussi à l’obtenir en suivant une formation auprès de professeures et professeurs dont les recherches sont financées par des subventions.
En offrant un meilleur soutien aux chercheuses et aux chercheurs grâce à des subventions et à des bourses, le gouvernement peut rendre plus attrayante l’obtention d’une maîtrise ou d’un doctorat dans un domaine qui, à terme, soutiendra l’industrie minière. En outre, le gouvernement devrait investir pour offrir la possibilité aux personnes diplômées de rencontrer des spécialistes de l’industrie minière et faire du réseautage, afin de mieux planifier leurs études en fonction de leurs objectifs professionnels.
Les universités au cœur de l’innovation
Le Canada est un chef de file dans le domaine de la technologie minière. Toutefois, pour conserver ce titre, il doit placer ses universités au cœur de l’innovation.
Il peut s’inspirer notamment de ce qu’on observe à l’Université McMaster. Cette dernière mène des recherches novatrices qui pourraient rendre l’exploitation minière plus durable et plus productive, tout en profitant aux communautés locales. L’Université McMaster est un chef de file dans l’électrification automobile et dans l’automatisation des véhicules et des équipements. La combinaison de ces deux domaines sera utile aux sociétés minières, car elle leur permettra de prendre des risques lucratifs sous terre sans mettre les mineurs et les mineuses en danger. Ce travail important est désormais possible grâce à des subventions de recherche et de perfectionnement.
L’Université McMaster a établi un partenariat avec un fournisseur pour créer un réseau 5G privé, afin de connecter les mines éloignées avec le monde extérieur, rendant ainsi possible la diffusion rapide de grandes quantités de données, ce qui améliorera la sécurité des personnes et de l’environnement. Cette connexion haute vitesse a également un autre avantage; comme elle ne se limite pas à la mine, les communautés locales peuvent également en tirer profit.
Mais ces nouvelles technologies requièrent l’embauche de personnes qui possèdent les compétences nécessaires pour les mettre en œuvre, les réparer et les gérer efficacement. En effet, ce sont les chercheuses et les chercheurs diplômés et postdoctoraux qui concevront et déploieront ces technologies qui permettront l’innovation dans l’industrie minière, laquelle est largement fragmentée à l’heure actuelle. Le Canada peut stimuler la transition écologique de ce secteur et offrir des carrières qui rivalisent avec des domaines concurrents en créant davantage de possibilités dans la recherche avancée.
L’état actuel de l’écosystème de recherche et de perfectionnement au Canada
Vers la fin de l’année 2022, le gouvernement a formé un comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche, afin de formuler des recommandations visant à moderniser le système de soutien à la science et à la recherche universitaire du gouvernement. En outre, l’objectif était d’offrir un meilleur soutien à l’ensemble des talents dont le Canada a besoin.
Le rapport du comité, publié en 2023, a conclu qu’un « système de soutien fédéral coordonné et agile qui est outillé pour répondre aux besoins de la recherche contemporaine ainsi qu’aux nouvelles priorités gouvernementales serait très avantageux pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. Cela dit, le succès de la science, de la recherche et de l’innovation sur la scène mondiale dépend d’abord et avant tout de la capacité de soutenir efficacement et de retenir les meilleurs chercheurs du Canada et de bâtir un milieu de recherche qui favorise la découverte de nouvelles connaissances grâce à la recherche suscitée et entreprise par les chercheuses et les chercheurs (une recherche souvent qualifiée de recherche libre) ».
Le rapport indiquait également que l’écosystème de recherche et de perfectionnement actuel n’est pas suffisamment coordonné; en effet, il est difficile pour notre communauté scientifique et de recherche de fixer des objectifs stratégiques communs et de demeurer au même niveau que celui de nos concurrents qui investissent massivement dans leurs propres activités de recherche et de perfectionnement.
Un regard vers l’avenir
Le Canada est à la croisée des chemins. Il est évident que sans les nouvelles technologies et sans une main‑d’œuvre qualifiée et diplômée, lesquelles découlent d’une stratégie de recherche et de perfectionnement définie et spécialisée, il sera impossible pour le Canada d’atteindre son plein potentiel. Pour soutenir le secteur des minéraux critiques du Canada, il est extrêmement important d’investir dans le système fédéral de soutien à la recherche et de l’améliorer.
Afin de transformer les minéraux critiques et la grande industrie minière du Canada en une puissance mondiale, qui apportera une valeur ajoutée à l’économie du pays, il faut réagir aux investissements et à l’innovation observés dans d’autres pays. Si le Canada n’agit pas, il restera à la traîne.
Cet article d’Enjeux politiques a été rédigé en collaboration avec l’Université McMaster et Universités Canada, membres du Conseil sur les minéraux critiques de la Chambre de Commerce du Canada.