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L’IA peut renforcer l’économie canadienne, si nous lui laissons la chance
Avi Goldfarb se joint à l’animatrice Marwa Abdou pour expliquer pourquoi le leadership précurseur du Canada dans le domaine de la recherche n’a pas débouché sur une adoption généralisée.

L’intelligence artificielle fait la une des journaux, mais, pour le Canada, il ne s’agit pas de battage médiatique, mais plutôt d’hésitation d’une nation.
Dans l’épisode 10 de la série L’économie du Canada expliquée, l’économiste Avi Goldfarb explique pourquoi le Canada, malgré sa recherche de pointe en IA et le talent de ses universitaires, se retrouve en retard dans la course mondiale à l’IA.
M. Goldfarb est le titulaire de la chaire Rotman sur l’intelligence artificielle et la santé à l’Université de Toronto et coauteur de Prediction Machines et de Power and Prediction. Ses travaux portent sur la façon dont l’IA redéfinit la prise de décision, la productivité et la concurrence.
Il souligne d’emblée une différence cruciale : l’IA ne relève pas de la magie, mais plutôt d’un outil de prédiction qui vise à minimiser les coûts associés aux choix dans tous les domaines.
L’IA ne supplantera pas les êtres humains, mais elle modifiera notre manière de penser.
Ceux qui maîtriseront cette évolution façonneront notre avenir.
« Il ne s’agit pas de remplacer les gens, mais plutôt d’améliorer notre façon de prendre des décisions », affirme M. Goldfarb.
Bien que les médias aient tendance à dépeindre l’IA comme une menace pour l’emploi, M. Goldfarb pense que la transformation la plus profonde est plutôt structurelle. Les secteurs qui devraient en bénéficier le plus, à savoir les soins de santé, l’éducation et l’administration, sont aussi ceux qui hésitent le plus. Pourquoi? L’aversion au risque, la bureaucratie et l’incertitude entourant la réglementation.
M. Goldfarb cite en exemple le projet de loi C-27, qui établit des balises sur l’utilisation de l’IA au Canada. Il appuie le principe selon lequel « les humains doivent conserver la maîtrise des produits de l’IA », mais il met en garde contre la lourdeur administrative, qui pourrait freiner le progrès technologique dans les secteurs mêmes que nous voulons moderniser.
« Les investissements que nous consacrons à l’IA pour les services publics pourraient devenir trop complexes à mettre en œuvre », prévient-il.
Il établit un parallèle avec l’électrification des usines. Même si l’électricité existait déjà, il a fallu attendre 40 ans avant d’optimiser son utilisation dans les usines. Nous vivons présentement une période de transition similaire avec l’intelligence artificielle. La technologie existe, mais nos systèmes, nos méthodes de travail et nos institutions ne sont pas encore adaptés.
« Nous sommes dans les années 1890, pas dans les années 2020. Les organisations ne sont pas encore équipées pour faire face à cette technologie. »
M. Goldfarb souligne que les États-Unis ont adopté une approche différente de la réglementation de l’IA. Ils ont choisi de ne pas ériger de barrières réglementaires avant l’adoption, mais plutôt de s’assurer que les lois existantes sont appliquées et que la concurrence est encouragée. Cette approche pourrait servir d’exemple au Canada s’il veut rester agile.
Il croit beaucoup au potentiel de l’IA en matière de soins de santé, notamment en ce qui a trait aux diagnostics, à la planification et à la gestion des patients. Il craint toutefois que notre aversion au risque ne nous fasse sombrer dans la médiocrité.
« Il y a un réel potentiel d’amélioration des soins de santé. Cependant, la crainte de compliquer davantage la situation peut nous dissuader d’essayer. »
Les talents sont déjà là. Les universités canadiennes forment chaque année des diplômés très qualifiés dans le domaine de l’IA. Ce qui manque, c’est le leadership.
Le Canada ne souffre pas d’un déficit technologique, mais à un problème d’adoption.
Il s’agit donc d’un choix, et non d’une contrainte.
« Les entreprises nous disent : “Nous pensons que l’IA est importante, mais nous ne savons pas quoi en faire”. Cette hésitation leur coûtera cher. D’autres découvriront une solution qui leur permettra de passer rapidement à la vitesse supérieure et de prendre des parts du marché. »
En ce qui concerne l’avenir, M. Goldfarb encourage le Canada à modifier sa perception de l’intelligence artificielle. Ce n’est pas seulement une question de technologie, c’est aussi une question économique. Le problème de productivité du pays ne sera pas résolu si nous attendons que quelqu’un d’autre fasse le premier pas.
« Si nous prenons les devants maintenant, nous pourrons façonner la manière dont l’IA fonctionne pour les Canadiens. Si nous attendons, d’autres décideront pour nous ».
Principaux points à retenir
- Le Canada se distingue dans la recherche sur l’intelligence artificielle, mais son utilisation dans les entreprises et sa mise en œuvre par le secteur public sont encore restreintes.
- Le véritable potentiel économique de l’IA réside dans la prédiction plutôt que dans l’automatisation.
- Une législation bien pensée et équilibrée est essentielle pour ne pas étouffer l’innovation.
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