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Les tarifs douaniers vont-ils faire dérailler la reprise économique au Canada?

Les tarifs douaniers vont-ils faire dérailler la reprise économique au Canada?

Dans un récent épisode de L’économie canadienne expliquée, l’animatrice Marwa Abdou s’est entretenue avec Dawn Desjardins, économiste en chef chez Deloitte Canada, afin d’analyser ce qui attend l’économie canadienne en 2025.

28 avril 2025

L’économie canadienne se trouve à la croisée des chemins.

Dans un récent épisode de L’économie canadienne expliquée, l’animatrice Marwa Abdou s’est entretenue avec Dawn Desjardins, économiste en chef chez Deloitte Canada, afin d’analyser ce qui attend l’économie canadienne en 2025.

Mme Desjardins a mis à profit sa vaste expérience, ayant précédemment occupé des fonctions chez RBC, Bloomberg et JP Morgan. Aujourd’hui chez Deloitte, son équipe vient de publier un rapport sur les perspectives économiques intitulé « Le calme avant la tempête ».

Mais tout n’est pas perdu.

Mme Desjardins souligne l’existence de quelques facteurs qui stabilisent l’économie : « La Banque du Canada abaisse les taux d’intérêt. L’inflation est à la baisse. Les ménages ont des économies. Les prévisions de base de Deloitte font état d’une croissance du PIB de 2 % en 2025.

Mais les risques s’accumulent rapidement. Une menace imminente est celle des tarifs douaniers américains de 25 % sur les exportations canadiennes. « Selon notre modélisation, ces tarifs douaniers pourraient coûter au Canadien moyen plus de 2 000 dollars par an », explique Mme Desjardins. « Si le Canada riposte, on peut s’attendre à une contraction du PIB de 0,8 % ».

Ce qu’il faut retenir de l’épisode

  1. Les tarifs douaniers pourraient coûter des milliers de dollars aux Canadiens et déclencher une courte récession.
  2. Les changements apportés à la politique d’immigration auront pour effet de réduire la demande de logements, mais aussi l’offre de main-d’œuvre.
  3. La confiance des entreprises est fragile et les investissements ralentissent.

Lorsqu’on lui demande comment l’économie se compare aux chocs passés, M. Desjardins fait une distinction : « La COVID a provoqué un arrêt des activités à l’échelle mondiale. La menace qui plane aujourd’hui est plus limitée, mais elle est tout aussi inquiétante pour le Canada. Notre secteur des exportations, en particulier la construction automobile, est très vulnérable.

La confiance des consommateurs s’est déjà fortement dégradée. « Les gens sont nerveux. Ils se demandent s’ils auront un emploi dans six mois. Cette anxiété à elle seule entraîne un recul des dépenses », déclare-t-elle dans l’épisode.

Des problèmes de confiance

« La confiance des consommateurs a considérablement reculé. Et la confiance des entreprises aussi », poursuit Mme Desjardins. « Nous constatons des reports et des annulations de projets d’investissement dans le domaine des VE qui étaient célébrés il y a quelques mois à peine. »

L’immigration est un autre sujet de préoccupation. Les politiques fédérales réduisant le nombre de nouveaux arrivants, la dynamique du marché du travail se modifie. « Nous avons connu un afflux important de nouveaux arrivants après la COVID, ce qui nous a permis de pourvoir les postes vacants. Cette tendance commence à s’inverser », explique-t-elle. « C’est positif pour la demande en matière de logement, mais dommageable pour la croissance et la productivité ».

Le modèle de baisse de Deloitte montre que le PIB pourrait chuter de près de 3 points dans le pire des scénarios tarifaires, ce qui suffirait à faire basculer le Canada en territoire de récession.

Néanmoins, M. Desjardins fait preuve d’un optimisme prudent. « Nous ne nous attendons pas à un ralentissement prolongé. Si des concessions sont faites, des deux côtés de la frontière, le Canada pourrait sortir de 2025 en meilleure posture que l’on pense.

Elle insiste sur le fait que le Canada doit s’attaquer aux infrastructures, à la réforme du commerce interprovincial et aux gains de productivité. « Ce sont des problèmes qui existent depuis longtemps. Peut-être qu’aujourd’hui, enfin, nous passerons à l’action ».


« Il y a beaucoup de choses qui échappent à notre contrôle. Mais il y a beaucoup de choses que nous pouvons – et que nous devrions – contrôler. »

En conclusion, Mme Desjardins invite les décideurs politiques et les chefs d’entreprise à réfléchir au long terme, et pas seulement au trimestre suivant. « Restez prudents, mais aussi engagés. Des occasions émergeront de cette période d’incertitude.

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